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L’ENTREPOSAGE CHEZ NATURAL LE COULTRE, UNE AFFAIRE DE PROFESSIONNELS

Rencontre avec Ramon Casaïs, Directeur de Fine Art Transports Natural Le Coultre et spécialiste de l’entreposage.

Comment se passe l’entreposage aux ports francs de Genève, chez Natural Le Coultre?

Ramon Casaïs :  L’entreposage dépend beaucoup des besoins de la clientèle, et donc globalement nous nous efforçons de répondre à celle-ci avec des solutions multiples. Cela peut aller d’une simple caisse dans un local partagé à la réalisation de solutions privatives complètes, du « taylor made » qui peut s’apparenter à la présentation d’œuvres dans une galerie d’art. Aussi, si l’œuvre a une grande valeur, il nous arrive parfois que le client nous demande de la déposer dans un coffre spécial pour augmenter la sécurité de son stockage, ce que nous proposons régulièrement.

En fonction du nombre d’objets à entreposer et de l’évolution qu’un client souhaitera donner à sa collection, notre rôle est aussi de le conseiller, car à partir d’un certain nombre d’œuvres d’art, il est préférable de louer son espace privé. Nous disposons de nombreux locaux de tailles diverses, ce qui nous permet d’être flexibles et de répondre aux exigences les plus diverses. Les solutions proposées sont vraiment multiples et totalement adaptées aux besoins et aux préférences de nos clients.

Les tarifs des premiers espaces privatifs peuvent aller de CHF 400.- par mois pour des locaux de petite taille (5 à 6 m2) dans lesquels seront entreposés 30 à 40 tableaux de taille standard et bien rangés, jusqu’à des espaces nettement plus importants pour des œuvres contemporaines aux dimensions imposantes.

Quelles sont les conditions idéales d’entreposage pour une œuvre d’art?

Ramon Casaïs :  Les meilleures conditions de stockage sont celles qui privilégient l’utilisation de caisses isothermes, dans des locaux climatisés. Un objet à l’abri des chocs thermiques est toujours mieux conservé qu’à l’air libre. Il sera aussi nettement moins exposé à un accident, une erreur de manipulation humaine bien que rare peut toujours arriver.

Tous nos locaux sont climatisés. La température est de 18-21 degrés Celsius toute l’année et l’hygrométrie oscille autour des 55% d’humidité relative. Tous les locaux de Natural Le Coultre sont entièrement sécurisés et toutes les opérations sont surveillées à l’aide de caméras vidéo. Les dernières technologies sont régulièrement testées et installées. Dans nos locaux, même le propriétaire des œuvres ne peux pas entrer seul et sera accompagné par nos équipes. Aucun client n’a les clefs de son local privatif et sera également accompagné lors d’une visite.

Enfin, nous nous efforçons de garder nos locaux de stockage toujours propres, d’entretenir voire de remplacer régulièrement nos installations climatiques, d’utiliser des matériaux de premier choix (par exemple des bois traités ou encore des papiers d’emballage à PH neutre), et surtout d’employer des collaborateurs de toute confiance, attentifs dans leurs manipulations et qui sont régulièrement formés aux dernières avancées technologiques.

Quelle est la philosophie de préservation chez Natural Le Coultre?

Ramon Casaïs :  La conservation d’une œuvre, malgré l’utilisation de nouveaux matériaux et l’avancée technologique dont nous avons parlé, est surtout liée au facteur humain. La manipulation est essentielle. Lors de l’arrivée d’un objet aux entrepôts, lors des premières manipulations, il faudra être attentif. Au moment du choix des matériaux d’emballage, il faudra bien trancher. Les mesures devront être adéquates. Et la durée prévue de l’emballage bien mesurée.

Afin de préserver au mieux une œuvre, souvent patrimoine de l’humanité, l’expertise et l’expérience accumulées sont aussi importantes que l’utilisation des dernières technologies et la bonne gestion du facteur humain.

Comment êtes vous organisés? Comment les objets sont-ils classés?

Ramon Casaïs : Nous sommes une dizaine de personnes ici au port franc de Genève qui collaborent aux activités de Natural Le Coultre.

La première étape, une fois l’objet déposé et soigneusement déballé dans nos bureaux, consiste à réaliser un rapport visuel. Ensuite, nous analysons celui-ci sous toutes ses coutures et dans tous les détails. En effet, d’une part nous devons nous conformer à l’ordonnance des douanes en vigueur qui nous demande de recenser 30 critères tels que le propriétaire, l’expéditeur, l’artiste, l’année de production, les dimensions de l’objet, son poids net (hors caisse), son poids brut, la date d’entrée, etc., et d’autre part nous avons nos critères « in house » qui seront tous associés à l’œuvre lors de son entreposage définitif.

Ensuite, un fois que l’ensemble des premiers contrôles sont effectués, nous emballons l’œuvre, la mettons dans une caisse, apposons un code-barres et entreposons l’objet soit dans un local privatif, soit dans le local général concerné, selon le choix du client. Une application informatique poussée nous permet de réaliser des inventaires spécifiques et d’identifier en temps réel les lieux d’entreposage. La marchandise doit être en tous temps localisable. Pour éviter les écueils liés aux vas et vient, chaque propriétaire peut venir visiter son œuvre sur rendez-vous avec un préavis de 24 heures.

Qu’est ce qui a changé dans le métier de l’entreposage depuis 20 ans?

Ramon Casaïs : De nombreuses choses ont changé dans le métier alors que d’autres sont en constante évolution depuis 20 ans.

Les matériaux d’isolation et d’emballage se sont très nettement améliorés. Ceux-ci ont fait l’objet de nombreuses recherches et d’un grand soin de la part des producteurs, avec lesquels nous travaillons et nous sélectionnons les meilleurs produits. Nous utilisons par exemple des papiers antiacides avec un ph neutre ou encore des bois d’emballage traités. Aussi, nous équipons les caisses de nouveau matériaux, de plus en plus sophistiqués, qui évitent les chocs thermiques. Il faut dire également que l’utilisation de camions climatisés est devenue un standard, en tous cas pour ce qui entre et sort de nos entrepôts.

La sécurité s’est elle aussi très nettement étendue et améliorée. Outres les caméras omniprésentes, l’utilisation de codes d’entrée/sorties sont présents dans tous nos bâtiments par des combinaisons de chiffres et de contrôles biométriques. Toutes les salles sont équipées de caméras, y compris pour l’emballage et le déballage. Les dernières technologies d’alarmes et de systèmes coupe-feu sont constamment étudiées et mises en place dans nos locaux. Un grand soin est aussi apporté au maintien d’une température constante, ainsi que d’une humidité relative stable autour de 55%.

Les artistes de leur coté ont tendance à produire des œuvres de plus en plus volumineuses. En conséquence, les propriétaires collectionneurs qui souhaitent les voir nous demandent de plus en plus de salons privatifs, de dimensions de plus en plus grandes. Parallèlement, les premiers showrooms sont nés il y a environ 25 ans, et nous avons parcouru du chemin également dans ce domaine, en particulier en matière d’éclairage, mais également de présentation et dans les services de bureautique qui y sont associés.

Enfin, la taille de nos locaux est passée de 1’000 m2 à 16’000 m2, ce qui représente une croissance importante à gérer, mais nous y arrivons avec un certain brio.